Deux ruches pour le tribunal

Article de Jean-Frédéric Tuefferd publié le 30 mai 2022 aux DNA :

« Deux ruches pour le tribunal

Sur proposition de l’Amicale du Palais, l’association schilikoise Aquaterre a installé la semaine dernière deux ruches au sein du patio du tribunal judiciaire de Strasbourg. Les premiers pots de miel devraient être récoltés au minimum dans deux ans. Ils sont déjà réservés.

Les lieux de justice ne sont pas propices à l’évasion. Pourtant, depuis une semaine, les usagers de la salle des pas-perdus ou le public des salles d’audience peuvent observer les vols en zigzag d’abeilles depuis deux ruches jusqu’à s’échapper par la vaste ouverture du patio du tribunal, une vingtaine de mètres plus haut. À ceux qui s’inquiètent d’un tel effort d’ascension, Lucie Merilhou, en service civique à l’association Aquaterre, se montre rassurante : « Elles butinent à trois kilomètres autour de leur ruche. Monter n’est pas un problème. » À elles les arbres fruitiers des environs ou les fleurs de la place de la République.

Objectif : « renaturation »

Cette heureuse animation, rendue possible via l’autorisation des chefs de juridiction, est le fruit d’une collaboration entre l’Amicale du palais (APA) et l’association schilikoise, via son projet Apiterre. « Le but de l’association est la renaturation, détaille Lisa Immler, salariée d’Aquaterre. Nous encourageons les entreprises, les associations ou les particuliers à parrainer des ruches », afin de réintroduire des colonies dans des zones où les abeilles sont en voie de disparition. Une fois la volonté clairement affichée d’accueillir des ruches, un apiculteur se déplace et observe si le lieu se prête à une telle implantation.

Au tribunal, les toits ont d’abord été envisagés, mais une pente les rend impraticables. La partie herbée du patio, ce puits de lumière, s’est révélée idéale. « Les abeilles que nous avons ici ont été sélectionnées pour le palais, précise Constance Champrenault, présidente de l’APA. Elles savent ce qu’elles ont à faire. »

« Grâce aux premiers dons d’adhérents et de non-adhérents, nous avons pu rentabiliser les deux ruches durant la première année »

Le parrainage d’une ruche est payant. Il faut compter 300 € par ruche, prix qui comprend l’installation et l’entretien, un apiculteur venant rendre visite à ses protégées trois à quatre fois l’an et prend garde que les ruches soient pérennes. « Grâce aux premiers dons d’adhérents et de non-adhérents, nous avons pu rentabiliser les deux ruches durant la première année », déclare Mme Champrenault.

De nombreux avocats se sont déjà renseignés quant à la possibilité d’obtenir un pot du miel du tribunal, sans doute pour faire passer le côté amer de décisions allant à l’encontre des intérêts de leurs clients. Il leur faudra patienter. Si les reines et les ouvrières semblent s’être bien acclimatées à leur nouvel environnement, la première récolte n’arrivera pas avant deux ans. C’est le temps nécessaire pour que les abeilles alourdissent leurs casiers, ce que la justice, d’habitude aveugle, voit d’un très bon œil. »

Retrouvez l’article complet avec des photos sur le site des DNA sur ce lien.

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